Manifestation devant l’assemblée nationale contre l’adoption en 49.3 de la loi travail

Devant l’assemblée, ça gaz

Ça m’arrive une fois tous les 7 ans, un peu comme les chats et leurs 7 vies : je me fais gazer en allant manifester. Chacun mérite sa petite dose de lacrymo. Maintenant je m’insurge contre la répression policière qui jusque là était assez absente de ma vie. Pour info, il y a 7 ans ça donnait ça et je le publiais sur un site parti dans l’oubli et la fachosphere : agoravox.

Bref, hier, 10 mai 2016, rassemblement contre l’adoption en 49-3 de la loi dites “travail”. J’ai envie de dire belle quenelle même si Dieudonné n’est pas passé par là et que je déteste cette spécialité du nord de la France. Donc, il pleut, sortie du bureau vers 19h30, direction l’assemblée de nos chers représentants élus et peu réceptifs à nos critiques. A bicyclette c’est plus chouette. Après avoir éviter les bouchons et les nombreuses voitures de police “pimpon” convergeant dans la même direction que les militants waterproof de nuit debout, j’arrive place de la concorde.

Accueillis par un magnifique alignement de cars de CRS je me dis que le bleu serait plus sympa dans le ciel. Sur le pont, un pelle mêle de jeunes bariolés, de syndicalistes à drapeaux et de parapluies. Beaucoup de lunettes de piscine et de masque de ski pour la saison. Je rencontre Mandy et Martin que je croise d’habitude plus sur un dancefloor endiablé par le wrecka et quelques visages connus.

Il y a une chenille humaine assise sur le sol mouillé juste devant les CRS côté concorde tandis que côté assemblée tous restent debout en espérant passer à un moment où un autre. De chaque bord du pont les gens crient qu’ils veulent marcher, manifester, franchir les barrages « la rue est à nous ». En vain. L’avenir nous dira que le musée d’Orsay c’est assez loin comme ça. Il faut dire qu’à l’heure ou j’arrive ni la foule ni une franche organisation ne sont au rdv.

Je ne sais pas vraiment comment, mais à un moment donné tout le monde se dirige vers l’assemblée dans le but de rejoindre invalides ou d’autres manifestants sont bloqués. L’ordre doit régner. Les forces de police nous laisse passer tandis que des slogans intemporels raisonnent dans la foule. J’ai retrouvé Charlotte, sereine qui reconnaît tout le monde et distribue allègrement bises et sourires. Pour elle c’est une promenade de santé. Certaines personnes ont vraiment du coffre, mais je remarque surtout l’attirail professionnel des militants aguerris qui ressemblent au choix aux acteurs principaux de breaking bad ou à des nageurs de palme.
Un journaliste dira même « je suis équipé comme pour aller en Syrie ou au Kazakhstan, c’est flippant ».

En effet, c’est assez flippant. L’ordre doit toujours régner.
Au loin, au niveau du prochain pont une étrange fumée s’élève, épaisse et grise avec en son centre comme des mini feu d’artifice. Hum, j’ai bien fait de pas me précipiter, je sors mon écharpe jaune de mon sac bleu. Marche. Je trouve l’ambiance un peu électrique.

Ce qui ressemble à des casseurs sont plus bas sur les quais et lancent des palettes et des briques sur le sol, pas très malin. Les gaz les attrapent. On fera quelques aller retour rapide entre les deux ponts, comme du gibier encerclé par des chasseurs à la différence qu’on bouge poussé par les lacrymos qui pètent les oreilles et niquent les yeux.

Les CRS tapent sur leurs bouclier comme des vikings ou des horan outan. Ils accélèrent, pulvérisent des gaz, tapent toujours. On se sent piégé, on l’est. 22h30 tout le monde est coincé au niveau du RER C, on nous invite à gentiment aller prendre le thé à saint michel. Je réussi grâce aux collègues journaliste de Charlotte de passer derrière les robocops pour marcher vers mon vélo.

Un petit mouvement semble se former direction République, je décide de rentrer tandis qu’un joueur de tam-tam crie « Jospin revient » ou « Bayrou président » en riant allègrement de cette farce policière qui a bien réussi à disperser la parole du peuple pour mieux l’éteindre.

À dans 7 ans les gars.